Leçon d'humilité sur marathon

"Comme tu le sais j'ai eu moins de réussite ayant littéralement explosé en vol. J'ai subi cette épreuve les jours d'avant dans la tête donc j'ai raté physiquement c'est le jeu...et sur le marathon on le paye très très cash...ce n'est pas 1 à 3 minutes que tu peux perdre sur ce type d'effort mais 30 minutes à 1 heure quand tu coules intégralement. Et c'est l'enfer...
Je m'obstine à rester avec le groupe 3'30 au km et avec toi jusqu'au 18ième et puis ensuite je lâche progressivement pour m'écraser à la borne du 31 km, les jambes en bois avec une tétanie simultanée des 2 cuisses avec crampes...je m'arrête net devant ma femme et ma famille totalement abasourdies par cet acte,( c'est la première fois de ma vie que j'abandonne une compétition...), mais véritablement soulagé que le calvaire s'arrête...c'est même moi qui faisait relativiser à mes proches la portée de mon acte plus symbolique que dramatique sur l'échelle d'une existence.   [...]

Une vraie leçon de défaillance pour une petite tranche de vie qui construit l'âme c'est certain. Certes les acharnés finissent coûte que coûte au risque de se détruire physiquement et moralement mais je ne partage pas cette vision. Je peux la comprendre mais je ne la partage pas tout simplement. J'assume totalement l'abandon car le marathon hier était plus fort que moi c'est tout. Mon corps doit cicatriser car ce matin j'ai les jambes dans un état lamentable, certainement autant voir peut-être pire que si j'avais été au bout de mon objectif en moins de 2H30.
Voilà l'envers du décor du Marathon et c'est pour cela que cette épreuve est mythique...Du plus petits au plus grands des coureurs, chacun est lié par la performance ou la défaillance. C'est la seule épreuve olympique où on peut voir 1 kenyan courir à 7 minutes au Km et divaguer sur la route et se faire déposer par un joggeur amateur. La fameuse leçon d'humilité..."

Témoignage de Patrick Ménar (Intrépide Angers) suite au marathon de La Rochelle du 29/11/2009.